Mai 28 2004
Maison
Vue de ma maison
Mai 26 2004
Irak : les nouveaux mercenaires
Employés
par des sociétés privées sous contrat avec le Pentagone,
ils sont 15 000 à 20 000 sur le sol irakien. Leur travail est crucial
pour la mission américaine. La guerre se privatise, mais ses règles
sont floues.
Le 1er avril, en découvrant sur leurs petits écrans les images
des cadavres mutilés de quatre de leurs compatriotes traînés
dans les rues de Fallouja par une foule vociférante, les Américains
ont cru assister à un remake de Black Hawk Down. Fallouja, pourtant,
n'est pas Mogadiscio. Et ce qui intriguait les Américains, cette fois,
ce n'était plus la mission menée, mais qui la menait. Ce jour-là,
ils ont soudain réalisé à quel point leurs forces armées
opéraient désormais dans l'ère de la sous-traitance.
Les quatre hommes tués à Fallouja n'étaient pas des soldats
américains. Ils étaient employés par une petite société,
Blackwater USA. Loin du modèle traditionnel du mercenaire et de la "gâchette
à louer", Blackwater fait partie d'une industrie florissante, celle
des sociétés militaires privées (private military firms,
PMF), qui assurent aujourd'hui un large éventail de tâches en Irak,
tâches jusqu'ici réservées aux militaires et qui peuvent
même inclure le combat. Les PMF vont de la petite société
qui fournit des équipes de commandos aux grandes entreprises qui gèrent
les chaînes d'approvisionnement militaire. Cette nouvelle industrie se
compte en centaines d'entreprises, en milliers d'employés, et en milliards
de dollars de revenus.
Les sociétés militaires privées et leurs clients opèrent
dans plus de 50 zones de conflit dans le monde, mais leur premier client est
le contribuable américain : Washington a signé plus de 3 000 contrats
avec des PMF au cours de la dernière décennie. Après la
fin de la guerre froide, le secteur privé s'est épanoui dans un
contexte de réduction des moyens militaires (l'armée américaine
n'est plus que les deux tiers de ce qu'elle était pendant la première
guerre du Golfe, en 1991), d'exigences croissantes de nouveaux déploiements
et de technicisation de la guerre moderne.
Jusqu'à l'Irak, l'industrie militaire privée était restée
très discrète. Lorsqu'un appareil de la CIA a, par erreur, fait
abattre un avion civil de missionnaires américains au-dessus du Pérou,
en 2001, peu de gens ont su que l'avion de la CIA était exploité
par une société sous contrat, Aviation Development Corp. Lorsque
des militants palestiniens ont tué trois Américains à Gaza
à l'automne 2003, la plupart des gens n'ont pas réalisé
qu'il s'agissait de militaires privés sous contrat, employés de
DynCorp (Virginie).
Bien qu'elle n'ait pas plus d'une dizaine d'années, l'industrie militaire
privée affiche un revenu annuel mondial d'environ 100 milliards de dollars
et a adopté toutes les règles du jeu washingtonien du lobbying.
En 2001, dix sociétés privées de pointe ont dépensé
plus de 32 millions de dollars en lobbying et donné plus de 12 millions
à des partis politiques. A elle seule, la firme Halliburton a donné
plus de 700 000 dollars entre 1999 et 2002, dont 95 % au parti républicain
; DynCorp en a donné plus de 500 000, dont 72 % aux républicains.
Curieusement, les dépenses de lobbying d'Halliburton ont baissé
de moitié après l'accession de son ancien PDG, Dick Cheney, à
la vice-présidence des Etats-Unis - obtenant un bien meilleur retour
sur investissement, puisque ses contrats ont triplé sous l'administration
Bush.
Dès le début, les sous-traitants privés ont joué
un rôle-clé dans la guerre d'Afghanistan. Leurs hommes, déployés
avec les forces militaires américaines sur le terrain (y compris avec
les unités paramilitaires de la CIA, qui ont été les premières
à y poser le pied), y ont assuré l'entretien de l'équipement
de combat, le soutien logistique, et ont régulièrement participé
à des vols de surveillance et d'identification des cibles. Ce rôle
continue, et des contractuels font maintenant partie de l'opération conjointe
armée/CIA qui essaie de traquer Oussama Ben Laden le long de la frontière
pakistano-afghane.
Les PMF ont joué des rôles tout aussi variés dans d'autres
points chauds de la lutte antiterroriste. Aux Philippines, dans les opérations
contre la guérilla islamiste, DynCorp travaillait à la logistique.
DynCorp encore est directement impliquée dans la lutte contre le trafic
de drogue en Colombie. Lorsque les Etats-Unis ont déployé un contingent
pour la formation militaire dans l'ancienne République soviétique
de Géorgie, il était essentiellement composé de militaires
privés. A Guantanamo, les talibans et membres présumés
d'Al-Qaida sont incarcérés dans une prison militaire construite
par la division KBR d'Halliburton et sont interrogés avec l'aide de contractuels
de sociétés comme Titan. Mais c'est avec la guerre d'Irak que
cette industrie est véritablement devenue adulte. Avant le conflit, les
sociétés privées ont largement participé aux préparatifs,
approvisionnement, entraînement, et même aux exercices de simulation
et planification des combats dans le désert koweïtien. L'énorme
complexe militaire américain de Camp Doha, d'où a été
lancée l'invasion, était construit, géré et gardé
par un groupe privé.
Lors de la phase de combats majeurs, en mars-avril 2003, les militaires privés
ont touché à peu près à tout, depuis l'alimentation
et le logement des troupes jusqu'à l'entretien d'armements aussi sophistiqués
que le bombardier invisible B-2, le chasseur F-117, les avions de reconnaissance
U-2 et Global Hawk, les chars M-1, les hélicoptères Apache et
les systèmes de défense antiaérienne sur les navires. La
proportion de sous-traitants privés par rapport au personnel militaire
régulier a été, en gros, de 1 à 10, soit dix fois
plus que pendant la première guerre du Golfe. Les alliés, y compris
les Britanniques et les Australiens, se sont aussi appuyés sur ce soutien
privé.
Pendant l'occupation de l'Irak, la demande d'aide privée a explosé,
à mesure que les scénarios optimistes élaborés par
les têtes politiques du Pentagone s'effondraient. Ni le Congrès
ni les échelons supérieurs du Pentagone ne disposent de chiffres
précis, mais le nombre de militaires privés actuellement déployés
en Irak est estimé être de 15 000 à 20 000 personnes, employées
par des dizaines de sociétés. Les PMF assurent trois fonctions
principales en Irak : soutien militaire, entraînement militaire et conseil,
ainsi que certains rôles tactiques militaires. Ce sont des tâches
essentielles, mais les PMF ne font pas, formellement, partie des forces armées,
ce qui entraîne des dysfonctionnements, parfois graves, en termes de partage
des renseignements, ainsi qu'une certaine confusion sur les droits et les responsabilités
dans le cadre du combat.
L'Autorité provisoire de la coalition (CPA) calcule que lorsque la souveraineté
sera transférée à un gouvernement irakien, fin juin, ces
chiffres pourraient passer à 30 000. Des fonctions telles qu'assurer
la sécurité de la zone verte à Bagdad seront privatisées.
L'administration Bush ne comptabilise pas formellement ces données -
ce qui rend plus nécessaire encore la supervision de ces activités.
Le recours aux PMF amortit le coût politique de la guerre, atténuant
le besoin de faire appel aux réservistes ou aux alliés. En outre,
contrairement aux règles en vigueur pour les victimes militaires, la
diffusion des informations sur les pertes civiles est à la discrétion
des employeurs : pas plus qu'on ne sait le nombre exact de PMF présents
en Irak, on ne connaît les chiffres précis des pertes enregistrées
dans leurs rangs, estimées entre 30 et 50 personnes.
Avec des hommes de plus de 30 nationalités, les PMF ont fini par fournir
à l'administration Bush une coalition internationale d'un autre type
en Irak. Il y a plus de contractuels militaires privés sur le terrain
que de soldats de n'importe quelles forces régulières alliées,
y compris de Grande-Bretagne. A elle seule, l'une de ces sociétés,
Global Risks, y compte quelque 1 100 employés, dont 500 gurkhas népalais
et 500 soldats fidjiens. Global Risks est ainsi le sixième fournisseur
de troupes en Irak.
Dans le soutien logistique, Halliburton a décroché l'équivalent
de 6 milliards de dollars en contrats en Irak. Ses activités vont de
la restauration des troupes (sous-traitées à d'autres sociétés)
au convoyage de carburant ou aux réparations dans le secteur pétrolier.
DynCorp joue un rôle prioritaire dans les programmes de formation de la
police irakienne. A l'origine, le contrat a été accordé
pour 50 millions de dollars, mais il pourrait atteindre jusqu'à 800 millions.
Cette société, dont le siège est juste à côté
de l'aéroport Washington-Dulles, à Reston (Virginie), accomplit
96 % de ses activités avec l'Etat américain, mais son image a
souffert d'un scandale (prostitution et trafic d'armes) dans lequel certains
de ses employés sous contrat en Bosnie et au Kosovo ont été
impliqués.
La société Erinys est chargée de la création d'une
force paramilitaire destinée à assurer la sécurité
des champs de pétrole. Le choix de cette toute jeune société,
qui n'existait pas avant la guerre, pour un contrat de 39,2 millions de dollars,
a beaucoup surpris dans l'industrie. Erinys a ensuite fait hausser quelques
sourcils en recrutant d'anciens soldats et policiers sud-africains qui avaient
servi le régime de l'apartheid. Mais le contrat semble exécuté
efficacement : les attaques contre les pipelines ont sensiblement baissé.
En à peine plus de quatre mois, Erinys a formé, armé et
déployé plus de 9 000 gardes irakiens à travers le pays,
avec l'objectif de porter ce chiffre à 15 000.
Vinnell, MPRI et Nour USA se consacrent à la formation et à l'équipement
de la nouvelle armée irakienne, une tâche dont le coût pourrait
atteindre 2 milliards de dollars. Vinnell Corp., filiale de Northrop Grumman
basée à Fairfax, en Virginie, est connue pour avoir été
déjà deux fois la cible d'Al-Qaida, dont des attentats ont détruit
ses locaux en Arabie saoudite en 1996 et en 2003. La société MPRI
est essentiellement composée d'anciens officiers américains, y
compris des généraux. Elle travaille essentiellement à
l'entraînement de l'armée américaine, mais elle a aussi
décroché des contrats en Croatie, en Bosnie, au Nigeria et en
Afghanistan. Le contrat de Nour a été contesté lorsqu'il
est apparu que cette firme était liée au protégé
des néoconservateurs Ahmed Chalabi. Ce contrat a depuis été
suspendu et est en cours de réattribution.
C'est dans le domaine du combat, toutefois, que l'évolution du secteur
des PMF est la plus spectaculaire. C'est la première fois en Irak que
des firmes privées jouent un rôle tactique aux côtés
des troupes américaines, dans trois domaines : elles participent à
la défense des installations, à la protection de personnalités
importantes comme Paul Bremer, le chef de la CPA, et escortent les convois.
Tout cela est crucial pour le succès de la mission américaine.
Les employés des PMF encourent les mêmes risques que les forces
régulières. Quelques jours après avoir perdu quatre hommes
à Fallouja, Blackwater a dû défendre le QG de la CPA à
Nadjaf contre un assaut des milices radicales chiites. La fusillade a duré
plusieurs heures et Blackwater a même dû envoyer ses propres hélicoptères
par deux fois pour réapprovisionner ses commandos en munitions et évacuer
un marine blessé. La même nuit, les hommes de trois sociétés,
Hart Group, Control Risks et Triple Canopy, ont été impliqués
dans des batailles rangées. Les employés de Hart Group, abandonnés
par les forces de la coalition, ont dû quitter leur position et laisser
sur place l'un de leurs camarades tués.
Fondée en 1996 par Gary Jackson, un ancien des forces spéciales
de la marine (navy seals), Blackwater jouit d'une bonne réputation et
est d'ailleurs l'une des rares sociétés de ce secteur à
ouvrir ses installations à la presse. Elle possède un immense
domaine en Caroline du Nord, à 40 km au sud de la base navale de Norfolk,
où plus de 50 000 militaires ont déjà suivi un entraînement.
Blackwater se spécialise aujourd'hui dans les programmes antiterroristes
et a décroché un contrat de 35 millions de dollars pour former
10 000 marins de la Navy à la protection de leur force. L'entreprise
a commencé par recruter d'anciens militaires américains, principalement
issus des forces spéciales, mais la pression de la demande l'a orientée
vers de la main-d'?uvre meilleur marché : 30 % de son personnel actuel
n'est pas de formation militaire et vient en partie des rangs de la police. En février, Blackwater a recruté 60 anciens
soldats chiliens, auxquels elle a offert 4 000 dollars par mois pour protéger
des installations pétrolières en Irak. Fin mars, la firme
déclarait avoir 450 hommes sur le terrain (et non pas "5 ou 6",
comme nous l'indiquait un général du Pentagone). Blackwater est
notamment chargée de la sécurité rapprochée de l'administrateur
américain Paul Bremer - un contrat de 21 millions de dollars -, dont
elle assure aussi le transport, à l'aide de deux hélicoptères.
"L'Irak, actuellement, est une mine d'or. La marge bénéficiaire
est incroyablement élevée, bien plus que le facteur risque",
relève Duncan Bullivant, le chef de la société britannique
Henderson Risks. Les soldats des PMF gagnent deux à dix fois plus que
leurs collègues des forces régulières, les mieux payés
étant ceux qui ont eu une formation d'élite. L'échelle
des salaires reflète aussi la mondialisation : en Irak, un ancien béret
vert américain peut gagner jusqu'à 1 000 dollars par jour là
où un ancien gurkha népalais fera 1 000 dollars par mois. Cette
situation pose inévitablement la question : quel
va être l'impact de la croissance de l'industrie militaire privée
sur la capacité des forces armées à retenir leur propre
main-d'oeuvre une fois formée ?
©
Peter W. Singer
Brookings Institution
Mai 24 2004
The Secret Bush Brothers Video
Mai 23 2004
Un coup soudain derrière la tête
Un
scientifique irakien spécialisé dans le domaine de la chimie et
supposé proche de Saddam Hussein est mort lors de sa détention
sur une base américaine à Bagdad, a révélé
le Guardian dans son édition de lundi.Le professeur Mohammed al-Izmerly,
dont le nom se trouvait au début de la guerre sur une liste de 200 proches
du régime de l'ancien dictateur irakien, est mort d'une "congestion
cérébrale", selon le diagnostic officiel laconique des médecins
militaires américains qui accompagnaient le cadavre, révélé
par le quotidien britannique lundi.Cependant, selon Faik Amin Baker, directeur
du service des autopsies de l'hôpital de Bagdad, cité dans les
colonnes du Guardian, le scientifique serait décédé "d'un
coup soudain à l'arrière du crâne"."Il
est mort d'un coup violent derrière la tête, a expliqué
le docteur Baker au journal anglais. Nous ne rejettons pas les conclusions des
autorités de la coalition, mais cela n'explique comment ces blessures
ont été causées".Le certificat de décès
délivré avec le corps --seulement porteur du numéro 1909
à défaut de toute identité-- par les autorités américaines
n'évoquait pas cette fracture du crane apparemment à l'origine
de la mort.Arrêté le 26 avril 2003 à son domicile à
Bagdad, le professeur al-Izmerly a été détenu pendant près
de 9 mois par les forces armées américaines avant que sa famille
puisse lui rendre visite, une seule et unique fois, le 11 janvier 2004,
selon le Guardian."Quand je l'ai vu, il avait l'air en bonne santé",
a déclaré Rana, 23 ans, l'une des filles de la victime, au journal
londonien: "j'ai demandé aux Américains pourquoi il l'avait
arrêté, on m'a simplement répondu qu'il était un
témoin".A peine plus d'un mois plus tard, le 19 février,
la nouvelle de la mort de Mohammed al-Izmerly était annoncée à
sa famille par la Croix-Rouge internationale, alors que le corps avait déjà
été remis à la morgue de Bagdad."Je haïrai
les Américains et le peuple britannique toute ma vie",
a affirmé Rana au Guardian: "Vous êtes des démocrates.
Vous disiez que vous alliez nous apporter la démocratie et vous avez
tué mon père"."Vous n'apportez aucune preuve qu'il ait
fait la moindre chose de mal, vous lui refusez un avocat et ensuite vous le
tuez. Pourquoi?".
Mai 21 2004
Etats-Unis : un budget de la défense record de 422 milliards de dollars
LE
MONDE | 21.05.04 | 10h04
Le
projet budgétaire requiert que l'Armée de terre et le corps des
Marines accroissent leurs effectifs de 30 000 hommes au cours des trois prochaines
années.
La Chambre américaine des représentants, à majorité
républicaine, a adopté, jeudi 20 mai, par 391 voix contre 34 un
projet de budget de la défense record de 422 milliards de dollars pour
l'année fiscale 2005.
Cette enveloppe, en hausse de 5,2 % sur celle de 2004 et qui doit encore être
votée par le Sénat, comprend une rallonge de 25 milliards de dollars
requise par le président George W. Bush dix jours plus tôt pour
continuer à financer les opérations militaires en Irak et en Afghnistan.
La Maison Blanche a dû avancer de six mois cette demande de nouveaux fonds
en raison de l'intensification de l'insurection en Irak ces dernières
semaines.
UNE AUGMENTATION DE 3,5 % DE LA SOLDE DE L'ENSEMBLE DES PERSONNELS
Le projet de budget voté par la Chambre comprend un amendement prévoyant
de retarder de deux ans des fermetures de bases militaires aux Etats-Unis jugées
inutiles et qui étaient prévues pour l'année fiscale 2005
débutant le 1er octobre 2004.
Le Pentagone estime qu'au moins 20 % de ses bases et installations ne sont plus
nécessaires et leur élimination permettrait d'économiser
des milliards de dollars. La Maison Blanche a menacé de mettre son veto
à ce projet de budget, si cet amendement est maintenu dans la version
finale approuvée par les deux chambres du Congrès.
Le Sénat a de son côté rejeté un amendement similaire
dans sa version du projet de budget de la défense qui est sinon très
semblable à celui voté par la Chambre et dont l'adoption est assurée.
Le projet de budget de la défense de la Chambre comme celui du Sénat
comprend une augmentation de 3,5 % de la solde de l'ensemble des personnels
et accroît la couverture médicale des réservistes. Répondant
aux critiques sur le fait que les troupes en Irak ne disposent pas de protection
suffisante face aux attaques des insurgés, l'enveloppe comprend un milliard
de dollars pour notamment des blindages des véhicules dont les Humvees.
Le projet budgétaire requiert que l'Armée de terre et le corps
des Marines accroissent leurs effectifs de 30 000 hommes au cours des trois
prochaines années. De nombreux parlementaires sont très inquiets
du nombre insuffisant des effectifs permettant d'assurer une rotation normale
des troupes au combat. Cette insuffisance a été mise en évidence
en Irak où les militaires ont dû prolonger leur service de plusieurs
mois.
Mai 20 2004
Spring on The Chapel
Mai 19 2004
La mort en silence
LE
MONDE | 17.05.04 | 13h06
Cela ne s'est pas passé en Irak. La barbarie a aussi ses entrées
en France, dans des villages bien de chez nous, avec leurs bancs publics et
leur mare au canard, leur jeunesse désœuvrée et leurs clodos
portés sur la boisson, à moins que ce ne soit l'inverse.
Vendredi soir, à Arthon-en-Retz, une commune de Loire-Atlantique proche
de Nantes, trois gamins de 17 ans ont massacré un SDF d'une quarantaine
d'années qui n'avait rien fait d'autre que d'être là, arrimé
à son banc, naufragé immobile dans sa galère.
On ne sait quel drame intime le clochard essayait de noyer dans l'alcool. Il
était connu des villageois comme un de ces pauvres bougres inoffensifs
dont l'existence s'est un jour enfermée dans une bouteille comme unique
source de chaleur, faute d'en trouver dans la compagnie humaine. La déchéance
d'un homme n'est pas un spectacle. Ce qui a suivi n'en est pas un non plus.
Quel était le but des meurtriers ? Visiblement, ils ont tué sans
mobile, sans motif. Un acte gratuit, effectué "sauvagement",
a dit un gendarme.
Les jeunes ont commencé par insulter le clochard. Puis ils l'ont entraîné
au bout d'un chemin pour le noyer. Et, puisqu'ils n'arrivaient pas à
leurs fins, ils l'ont achevé à coups de barre de fer.
L'enquête dira sûrement si les tueurs étaient gavés
de jeux vidéo guerriers, d'images de la torture en Irak, ou tout simplement
de haine sans fond ni fondement. Une haine inextinguible, comme la détresse
de leur victime.
On se souvient d'un slogan plein de cynisme qui maculait jadis les murs des
grandes villes, dans certaines dictatures d'Amérique du Sud : "Luttez
contre la pauvreté : tuez un mendiant !"
Ici, à l'évidence, pas d'idéologie. De la violence pure
et dure, une violence à l'Orange mécanique, où les victimes
ne seraient pas un couple de vieillards apeurés mais un faible, un sans-défense.
Le malaise qui nous envahit ne tient pas seulement à la cruauté
de ces gestes commis par des êtres tout juste sortis de l'enfance. Il
vient de la passivité de ceux qui ont vu et n'ont rien dit. Ceux qui
– par peur ? – ont laissé faire.
Dans ce village de l'Ouest, une personne au moins pourrait être mise en
examen pour non-assistance à personne en danger. Comme à Savigny-le-Temple,
en Seine-et-Marne, où un homme a récemment été tué
en plein jour. Il voulait récupérer son vélo volé.
Personne n'est venu le défendre.
Deux morts pour rien, deux morts entourés de silence. Une violence inouïe
et pas un geste pour secourir, pas un mot pour aider la justice.
Dimanche, à Cannes, en marge, forcément en marge du Festival,
a été projeté le film SDF Go Home, du réalisateur
luxembourgeois Robert Biver. Ceux qui ne retiennent pas de la Croisette que
les paillettes se souviendront que, il y a tout juste un an, trois sans-abri
en smoking avaient monté les marches du Palais des festivals.
Ils tournaient un film "à l'œil", week-end après
week-end, intermittents du spectacle, permanents de la misère. Pour mémoire,
ils s'appelaient Clovis, Jean-Marc et Samir. Ce dernier n'a pas survécu
à la canicule du mois d'août.
SDF Go Home est terminé. Son titre nous saisit après la tragédie
d'Arthon-en-Retz. Comment rentrer chez soi quand on n'a pas de maison ? En allant
direct au cimetière, ont répondu trois monstres.
Mai 18 2004
Si même mes violonistes s'y mettent...! mais c'est vrai que c'est dégueulasse!
LE
MONDE | 18.05.04 | 14h33
Concert
de couacs à l'Ochestre philharmonique de Bonn. Depuis quelques semaines,
les musiciens de la Beethovenhalle n'arrivent plus à accorder leurs violons.
La mutinerie a éclaté quand les seize violonistes de l'orchestre
ont réclamé une augmentation de salaire. Face au refus de la direction
et, en particulier, du directeur de leur formation, Laurentius Bonitz, ils ont
décidé de porter l'affaire devant les tribunaux, avant de renoncer
à leur plainte, début mai, pour réclamer un règlement
à l'amiable.
C'est donc pour une banale histoire d'argent que l'orchestre a sombré
dans la cacophonie. Les violonistes ne supportaient plus de toucher la même
rémunération que leurs camarades du fond d'orchestre, soit 6 115
euros mensuels
et il y en a encore qui se plaignent! à Lille, pour ne citer qu'un exemple le salaire brut 3eme catégorie des violonistes est de 2.748,53 € ! |
payés
par leur employeur, la ville de Bonn. Deux fois plus que, par exemple, leurs
homologues britanniques, font remarquer les mauvaises langues.
"Peut-être, mais ce n'est pas le sujet", rétorquent les
mutins : partitions à l'appui, ils expliquent qu'ils sont davantage sollicités
lors des concerts que leurs collègues instrumentistes à vent,
sans parler du triangle... Bref, qu'ils font des notes supplémentaires.
Bons princes, ils ont présenté une addition globale ne prenant
en compte que les passages les plus flagrants de cette injustice. Car, pour
citer l'un des insurgés, "nous aurions pu calculer la surcharge
mesure par mesure, mais nous avons préféré aller au plus
simple".
Puisqu'ils travaillent plus que les autres, ils exigent en contrepartie une
revalorisation de leur salaire et la mise en place d'un nouveau système
de calcul. Comme, par exemple, l'attribution d'un extra de 90 euros par répétition
ou concert pour compenser le surplus de notes lues et interprétées.
A quand, comme s'est interrogé l'un des membres de la bande à
Bonitz, une rémunération à la note ?
Mauvais camarades, ils critiquent également la convention collective
de l'orchestre, qui attribue des bonus aux solistes, et qu'ils qualifient de
"pratique injuste". Les violonistes s'emmêlent quelque peu les
archets : cela ne relève-t-il pas d'une logique qu'ils défendent,
à savoir la rétribution au mérite ? N'en déplaise
à ces virtuoses, comme l'a sous-entendu Laurentius Bonitz, n'est pas
soliste qui veut !
Excédé par ces dissonances, le directeur de l'orchestre est descendu
dans la fosse aux lions. "Ce procès est ridicule ! La question est
peut-être intéressante du point de vue du droit, mais en matière
de musique, c'est n'importe quoi ! Comparer notre métier aux autres professions
est complètement absurde", s'est-il insurgé, face à
ceux qui voudraient lire leurs partitions comme des fiches de paie. Et pour
faire bonne mesure, il a réclamé une augmentation pour les solistes,
les deux hautbois et le trombone, dont il a vanté l'importance. Les crincrins
n'ont pas fini de grincer !
Benoît Merlin
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Orchestra Musicians Want to Tie Salaries to Notes Played
BERLIN (AP) — Violinists at a German orchestra are suing for a pay raise
on the grounds that they play many more notes per concert than their colleagues
do — litigation that the orchestra's director on Tuesday called "absurd."
The 16 violinists at the Beethoven Orchestra (search ) in Bonn argue that they
work more than their fellow musicians who play instruments like the flute, oboe
and trombone, and also say a collective bargaining agreement that gives bonuses
to soloists is unjust.
But Bonn orchestra director Laurentius Bonitz said it was unreasonable to compare
playing a musical instrument with other jobs.
"The suit is ridiculous," Bonitz said. "It's absurd."
He also argued that soloists and musicians in other leading roles — like
the orchestra's two oboe players — should make more money.
"Maybe it's an interesting legal question, but musically, it's very clear
to everyone," Bonitz said.
The case is scheduled in a labor court during May.
Mai 17 2004
Comment les Américains rackettent la presse
LE
MONDE | 17.05.04 | 14h43
Les
débats intellectuels sur l'utilité des G8, qui réunit chaque
année les chefs d'Etat des pays industrialisés, sont en train
de se doubler d'une question autrement plus fondamentale : celle de la liberté
de l'information.
Depuis la montée des mouvements altermondialistes et, plus encore, les
attentats terroristes du 11 Septembre, les pays hôtes de réunions
institutionnelles ont pris l'habitude de convier leurs illustres invités
dans des endroits plus reculés les uns que les autres. En 2002, sous
présidence canadienne, on choisit ainsi Kananaskis, un trou perdu des
montagnes Rocheuses et un lieu essentiellement fréquenté par les
ours.
Cette année, les Etats-Unis, qui président le G8, ont choisi Sea
Island, en Georgie, pour le sommet qui doit avoir lieu du 8 au 10 juin. Comme
à Kananaskis, la distance et la sécurité interdisent le
contact direct entre la presse et les chefs d'Etat. Passons sur les complications
qu'entraîne cette absence totale de contacts pendant les réunions,
mais que dire en revanche de l'innovation américaine qui consiste à
sous-traiter la logistique de la réunion à une entreprise privée
?
Résultat, tout est payant. Exemple : pour disposer d'une simple chaise
et d'un emplacement sur table, chaque journaliste devra débourser 350
dollars (300 euros). Avec les taxes, ça fait 371 dollars. La location
d'une salle de montage de 3 Å~ 3 mètres pour les télévisions,
équipée d'une table et de deux chaises, est facturée 2
500 dollars. Il faut rajouter 95 dollars pour une lampe, 40 dollars pour une
chaise supplémentaire, 295 dollars pour une prise téléphonique...
sans le combiné. Pour l'obtenir, il faut débourser 30 dollars
de plus.
Même les organisateurs du Forum privé de Davos, temple du néolibéralisme
où se croisent les patrons les plus puissants du globe, n'ont jamais
osé tarifer l'accès de la presse.
La société Hargrove, qui a décroché l'appel d'offres
pour Sea Island, est une spécialiste de l'organisation et a depuis toujours
ses entrées à la Maison Blanche. De la célébration
de l'opération "Tempête du désert" sous Bush père
à l'inauguration de la présidence de Bill Clinton, en passant
par les conventions démocrates ou républicaines, on la trouve
partout.
Sa démarche va jusqu'au bout de la logique économique et n'épargne
personne. Ainsi, elle a fixé à 23 600 dollars le coût de
la liaison pour les visioconférences - distance oblige - entre le lieu
où se trouvent les chefs d'Etat et la presse. La France a refusé
le "service".
Le département d'Etat et les organisateurs du sommet croulent depuis
quelques jours sous les nombreuses protestations adressées par les associations
de la presse diplomatique et de la presse présidentielle via leurs ambassades
: l'Union européenne, le Canada, la Russie, le Japon, la France sont
les premiers à avoir réagi. Toutes s'élèvent contre
cette discrimination par l'argent et s'inquiètent : où va-t-on
si l'information devient payante ?
Babette Stern
Mai 13 2004
Pictures
Mai 12 2004
Molière
Grand
écrivain de comédies humaines, Molière nous apporte dans
son Misanthrope un personnage digne de sentiments les plus farouches envers,
en plus de l'Homme, toute la société qui, selon lui, les pousse
en décadence morale, tant par leur justesse que leur Justice. Car il
s’agit bien dans cette scène première de l’acte V
de justice avec pour coordinateur d’idée la bonne foi et la trahison.
Alceste critique la société qu’il répugne mais doit
d’un autre côté accepter qu’il y est plongé
à part entière de part son procès, comble du conflit social,
et sa relation avec Célimène. Molière donne ici au lecteur
le compte-rendu des évènements précédents et montre
l’intention d’Alceste de fuir cette société.
Alceste prend pour cible Oronte dans l’exemple de son procès contre
lui et, dans un sens, le place en émissaire d’une société
entière tournée contre lui. Un peuple qui n’a pas les mêmes
valeurs que lui. Il cherche à se disculper en montrant que les valeurs
des autres sont différentes et surtout inférieures aux siennes.
Il se met en posture de victime par pure paranoïa et voit Oronte comme
son ennemi. Il veut montrer que tous sont contre lui et parle même du
« coupe-gorge » dressé contre lui, contre sa « vie
» (vers 1521-1524). Alceste pense avoir été trompé,
usurpé. Dans les vers 1487 à 1500 on note l’emploi du champ
lexical de la fausseté : « honneur, probité, équité,
foi, trompé, traître, fausseté, trahison, avoir raison,
grimace, artifice renverse le bon droit, tourne, tort ». Il utilise l’ironie
pour parler de certaines valeurs. « Voilà la bonne foie, le zèle
vertueux, La justice et l’honneur que l’on trouve chez eux ! »
Ce sont les critères de l’honnête homme. Alceste les remet
en cause, car il leur préfère la sincérité et la
franchise. A la fin de sa tirade, Alceste explique son choix. Il emploie le
futur: « vous ne m’aurez » ; il est résolu. Cependant,
il ne sait pas encore s’il part seul ou avec Célimène. Il
se marginalise, veut s’écarter, se partialiser de la société
pour pouvoir la critique de l’extérieure sans indirectement se
mettre en cause. Dans les derniers vers, il fait allusion à un célèbre
adage latin de Plaute : « homo homini lupus » signifiant l'Homme
est un loup pour l'Homme. Il trouve que l’humanité a de nombreux
aspects inhumains. Le terme « loup », l’idée d’une
souffrance « qu’on nous forge » désigne la lutte continue
des gens qui se détruisent entre eux.
Alceste est ici le comble de lui-même, il ne supporte rien pas même
ses propres moeurs, il veut fuir. Peut-il être l’homme qu’il
voudrait être en dehors de cette société, en dehors de sa
société ? Cette question se justifie pleinement par le fait que
Molière juxtapose : sa relation avec Célimène qui le torture
mais le tient en laisse dans ce monde, comme s’il ne pouvait finalement
jamais partir. Les sentiments humains tissent les liens de notre société
; les pires comme les meilleurs.
Mai 10 2004
Les réserves d'eau sont insuffisantes
Tous
les spécialistes ont en mémoire la terrible sécheresse
de 2003 et se demandent si le niveau des nappes souterraines pourrait supporter
une nouvelle canicule. Depuis septembre, la pluviométrie a été
à peu près normale sur les trois quarts du territoire. Mais elle
reste déficitaire dans le Nord et l'extrême Sud-Est. Au total,
au regard des informations recueillies par le Réseau national des données
sur l'eau (www.rnde.tm.fr), le ministère de l'écologie estime
que "la situation est moins favorable que l'année dernière
à la même époque".
L'an dernier, la sécheresse avait commencé dès février
alors que les nappes phréatiques étaient dans l'ensemble bien
remplies grâce aux bonnes pluies de l'automne. Puis les aquifères
furent très sollicités en raison du très faible niveau
- historique - des rivières et des fleuves. Aujourd'hui, " les pluies
hivernales risquent d'être insuffisantes pour recharger correctement les
aquifères, dont certains ont même déjà entamé
leur vidange, indique-t-on à la direction de l'eau du ministère
de l'écologie. Si le scénario de l'an dernier se reproduit, on
risque d'avoir à faire face à des situations pénalisantes".
PLAN D'ACTION SÉCHERESSE
Selon le Réseau national des données sur l'eau, 83 % des cours
d'eau du pays présentaient en mars des écoulements inférieurs
à la moyenne mensuelle. Les débits les plus bas - la moitié
de la normale - ont été enregistrés dans le quart Nord-Est,
le Sud-Est et dans les Pays de Loire. Les fortes pluies récentes et l'enneigement
important des massifs montagneux pourraient modifier cette donne. D'autant que
le niveau des barrages-réservoirs destinés au soutien d'étiage
se trouve à un niveau convenable. Cependant, pour parer à toute
éventualité, un "plan d'action sécheresse" a
été conçu. Il doit être présenté à
la mi-mai par le ministre, Serge Lepeltier.
NIVEAU ROUGE
Grâce à l'ensemble de ces données, l'InVs et Météo
France ont pu définir un niveau à partir duquel le franchissement
de la température met en danger les populations. Ainsi, pour les minima,
la température représentant le seuil d'alerte est de 18°C
pour le nord-ouest de la France, de 21°C pour la région parisienne,
et de 23°C le long de la Méditerranée. Il existe une température
minimale relative pour le Massif central, plus frais. Pour les maxima, le seuil
est de 29°C sur les côtes de la Manche, de 31°C pour la région
parisienne, et de 36°C pour le Sud-Ouest, le sud de la vallée du
Rhône, avec un maximum relatif sur le Massif Central.
Le niveau rouge ne sera, lui, activé que lorsque la canicule se prolongera
dans le temps et se manifestera sur une large partie de la France. Une alerte
rouge de ce type, si elle avait existé en 2003, aurait été
déclenchée les 7 et 8 août, car la troisième vague
de chaleur de l'année, la plus importante, avait commencé les
3 et 4 août. Les prévisions météorologiques indiquaient
alors que ces conditions se maintiendraient jusqu'au 15 août. La canicule
a, en effet, culminé les 10, 11 et 12 août, avec des températures
qui ont franchi les 40°C dans 15 % des villes du pays
DÉJÀ CINQ "VIGILANCES"
Outre les couleurs orange et rouge, la carte de vigilance sera associée
à un "bulletin de suivi". Celui-ci contiendra les prévisions
météorologiques, ainsi que des éléments permettant
de qualifier le phénomène par rapport aux grandes canicules de
1976 et de 2003.
Il comportera aussi des conseils de comportement élaborés par
l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé
(INPES). Sont particulièrement concernés les sportifs et les personnes
fragiles : personnes âgées, enfants, sujets à risques (cardiaques
et asthmatiques). Seront également décrites les conduites à
tenir pour rafraîchir les habitations et réhydrater les organismes.
Le but de tout cela, rappelle Jacques Manach, est d'amener les gens à
"aider ou à se faire aider".
Cette "alerte canicule", relative à "une vague de chaleur
intense et prolongée", et les attitudes à adopter en pareil
cas apparaîtront sur le site Internet de Météo France. Ils
seront également communiqués aux "médias à
réaction rapide" (quotidiens, radios, télévisions)
capables de répercuter très rapidement ces messages. Les services
sanitaires français ne seront pas en reste, puisque le ministre de la
santé, Philippe Douste-Blazy doit présenter la semaine prochaine
un "plan canicule" finalisé.
Ce nouveau service de Météo France s'ajoutera aux cinq vigilances
météorologiques déjà existantes concernant les vents
forts, les fortes précipitations, les orages violents, la neige et le
verglas et enfin les avalanches.
Christiane Galus
Mai 4 2004
The giant squid
By Henry Fountain Published: May 4, 2004
This giant squid of the
architeuthis genus was caught off the west coast of Tasmania.
A live specimen would be about eight metres long, including two very long
clasping tentacles.
Photo by David Paul
With
a length up to 75 feet, the giant squid, Architeuthis, is the largest invertebrate
on earth. But it is also the most elusive. It has never been seen alive in its
natural habitat. As such, Architeuthis (pronounced ark-uh-TOOTH-us) has something
of a mythical reputation. There has been speculation that the creatures live
for decades, even a century, at depths of several thousand feet.
"No one really knows," said Dr. Neil H. Landman of the American Museum
of Natural History. "In the ocean there are still mysteries, and this is
one of them."
But research by Dr. Landman and colleagues from the State University of New
York at Stony Brook and other institutions may help dispel some of the myths.
Architeuthis, they say, may not be so long in the tooth, and reports of its
depth may be greatly exaggerated.
The researchers studied one of the squid's smallest features, a bonelike particle
called a statolith that is not much larger than a grain of sand. Statoliths,
which are found in the squid's head and help it maintain equilibrium, grow through
the buildup of calcium carbonate in discrete rings.
Dr. Landman analyzed isotopes of oxygen in statoliths from three southern giant
squid, Architeuthis sanctipauli, from the Pacific Ocean. Like all specimens,
these were caught in fishing nets or washed ashore. The proportion of isotopes
gives an indication of the water temperature the squid lived in, and temperature
can be related to depth. In the analysis, reported in the journal Marine Biology,
Dr. Landman found that the squid lived at depths of 600 to 1,000 feet. While
he noted that those figures are not definitive, they are a far cry from 2,000
to 3,000 feet, as some scientists have thought.
The statoliths were also analyzed for carbon-14, a legacy of atmospheric weapons
tests. Carbon-14 in the Pacific increased from the 1950's to about 1980, then
began a well-documented decline. By analyzing carbon-14 ratios, the researchers
were able to calculate an age for the squid: 14 years or less.
Normal squid reach full size in a matter of months ("They're the broiler
chickens of the sea," Dr. Landman said), so some scientists had thought
that giant squid might grow as fast.
Dr. Landman said he thought the giants add heft relative rapidly, though not
at the pace of their cousins. After all, he said, "it's hard to imagine
something growing that big so quickly."
Mai 3 2004
Prisonniers morts à la suite de sévices
Le secrétaire à la défense, Donald
Rumsfeld, plutôt discret jusqu'à présent, a souligné
que "les actions des soldats sur les photos étaient totalement inacceptables
et non américaines". Affaire des tortures de prisonniers irakiens.
Trente-cinq cas de sévices ayant conduit à la mort de 25 prisonniers
ont été recensés dans des prisons militaires américaines
en Irak mais également en Afghanistan, selon des enquêtes lancées
depuis décembre, a annoncé mardi un haut responsable militaire
américain. Le général Donald Ryder, officier responsable
de l'application des peines du système pénitentiaire, a précisé
que les morts incluaient deux homicides présumés de prisonniers
par des soldats, le meurtre d'un prisonnier qui tentait de s'échapper,
et 10 autres cas qui faisaient encore l'objet d'une enquête. Il a précisé
que l'origine de 12 autres cas de morts de prisonniers restait pour le moment
indéterminée. Ces informations interviennent alors que l'administration
Bush a promis mardi de punir les responsables des tortures infligées
à des prisonniers irakiens, après la diffusion de photos qui ont
horrifié l'opinion internationale, américaine et le monde arabe.
Face à la critique, qui s'amplifie, de ces photos diffusées le
28 avril et montrant des tortures physiques et psychologiques dans la prison
d'Abou Ghraib, près de Bagdad, le président George W. Bush est
monté en première ligne pour condamner ces actes et s'assurer
qu'ils seront punis. Mardi, le secrétaire à la défense,
Donald Rumsfeld, plutôt discret jusqu'à présent, a souligné
que "les actions des soldats sur les photos étaient totalement inacceptables
et non américaines". Aux Nations unies, à New York, son collègue
des affaires étrangères, Colin Powell, a affirmé que "justice
sera faite". "Ces individus seront présentés à
la justice militaire", a assuré M. Powell à l'issue d'une
réunion du quartette (Etats-Unis, Russie, ONU et Union européenne)
sur le Proche-Orient. Colin Powell a reconnu être "profondément
inquiet des effets que ces images pourront avoir de par le monde", tandis
que M. Rumsfeld soulignait que cette affaire "portait tort de façon
fondamentale" aux Etats-Unis. La Maison Blanche a confirmé mardi
que le Pentagone avait lancé une enquête approfondie dans "tout
le système pénitentiaire pour s'assurer qu'il n'y ait pas de problème
systématique". La polémique a atteint le Congrès,
où plusieurs sénateurs, démocrates comme républicains,
se sont plaints d'être "laissés dans l'ignorance" par
le Pentagone. Les commissions des forces armées du Sénat et de
la Chambre des représentants se sont réunies en urgence mardi
pour évoquer le scandale.
Des poursuites pénales ont été engagées contre six
militaires impliqués et six officiers ont reçu des blâmes
qui mettent de fait un terme à leur carrière. Un septième
officier a reçu une réprimande écrite de moindre degré.
Le général Janis Karpinski, une femme chargée des centres
de détention en Irak, fait partie des officiers sanctionnés, qui
ont tous décidé de faire appel. Au total, cinq enquêtes
séparées sont menées, selon les militaires américains.
La prison d'Abou Ghraib compte 4 500 prisonniers. Quelque 11 000 détenus
sont dans d'autres centres pénitentiaires en Irak.
Appel à Sadr pour déposer les armes. Des responsables chiites
irakiens ont appelé mardi Moktada Sadr à déposer les armes
et se sont engagés à trouver une solution à la crise impliquant
l'imam chiite hostile aux forces américaines et les villes saintes de
Nadjaf et de Kerbala. "Notre position est claire : Nadjaf et Kerbala doivent
rendre les armes. Ce sont des villes saintes qui devraient avoir un statut proche
de celui du Vatican", a déclaré le dignitaire chiite Mohammad
Bahr al-Ouloum lors d'une réunion des partis chiites, dont plusieurs
siègent au Conseil intérimaire de gouvernement irakien (CIG).
Bahr al-Ouloum, qui appartient au CIG, a estimé qu'il n'appartenait pas
aux forces d'occupation de résoudre ce problème. L'Iran, qui soutient
la quasi-totalité des partis politiques chiites en Irak, avait estimé
auparavant que les Etats-Unis devaient laisser la hiérarchie chiite régler
cette crise au lieu de jeter de l'huile sur le feu en essayant de capturer Sadr.
Bahr al-Ouloum, ainsi que d'autres dignitaires chiites, se sont également
opposés à une offensive américaine sur Nadjaf pour arrêter
Sadr et éliminer le danger posé par sa milice, mais ont ajouté
que l'imam radical devait cependant se soumettre à l'ordre politique
instauré en Irak après la chute du régime de Saddam Hussein.
Des insurgés fidèles à Sadr se sont heurtés au cours
de la nuit de lundi à mardi aux forces américaines près
de la ville irakienne de Koufa. Des combats ont opposé en outre lundi
à Nadjaf, au sud de Bagdad, des soldats américains à des
miliciens de l'armée du Mehdi, faisant 5 morts et 15 blessés côté
irakien. Par ailleurs, Moqtada Sadr s'est rendu mardi dans la ville de Koufa,
non loin d'une base américaine attaquée lundi par ses miliciens,
a indiqué son porte-parole, cheikh Qaïs al-Khazali.
Forces armées en Irak.
Le niveau Les effectifs militaires américains en Irak resteront à
leur niveau actuel au-delà des trois mois à venir, avec environ
135 000 soldats, a déclaré mardi le secrétaire américain
à la défense, Donald Rumsfeld. M. Rumsfeld a précisé
que les 20 000 hommes dont le déploiement en Irak avait été
prolongé récemment seraient remplacés par de nouvelles
unités. "Nous ne prolongerons pas les mêmes hommes",
a-t-il dit. Lundi, de hauts responsables de la défense avaient indiqué
à l'AFP que le niveau actuel des effectifs serait maintenu pour une durée
indéterminée, en raison des violences insurrectionnelles qu'affrontent
les militaires de la coalition en Irak. A l'origine, le Pentagone voulait réduire
le niveau des forces en Irak pour atteindre 105 000 à 115 000 hommes.